Continuer à être une chimère après la danse
J’ai installé un micro bureau de presse fantaisiste, ouvert juste après le spectacle sur les chimères du collectif à deux, à l’amicale Tardy. J’ai déjà parlé de travaux pour le Saintézine autour de ce spectacle dans Les chimères au filage et aux costumes.
Il y avait une table affublée d’une nappe orange bien flashie, d’une vieille machine à écrire et d’une petite lampe rosée. Il y avait aussi un panneau avec les numéros du Saintézine affichés.
À la salle Tardy, il y a souvent un après-spectacle (il me semble que ça a un nom, mais je ne sais plus… ) : tout le monde se déplace au bar de l’amicale, et public et artistes se rencontrent et discutent autour d’un verre. Et mon bureau de presse était juste à coté de ce bar.
Voilà pourquoi les chimères, c’est à dire les enfants qui faisait le spectacle de danse, et beaucoup de monde sont venus à coté de mon petit bureau de presse. Et j’ai pu faire des interviews. Voici un extrait.
On voit que les enfants se prennent facilement au jeu et que les adultes aiment bien aussi.
Dans l’inspiration de outils du roman, 10 | ne pas mentionner l’oiseau :
Dans la masse immobile, dans le cri permanent, il y a des mouvants. Ils glissent ou frottent, s’écoulent et disparaissent, avalés derrière des façades ou rejaillissent devant des rideaux. Une lumière balaie les formes. Elle les caresse par une oblique qui s’allonge avec le jour, puis un obscur et une nuit gagnent toute la nature. Alors la permanence rebondit de façade en façade, maudissant ce monde absurde dormant en paix, baigné d’une innocence venue de la voie lactée.
Dans ce quartier il y a des piétons, des voitures, des bicyclettes et toutes sortes de personnes qui se déplacent. On dirait des ruisseaux de fourmis qui s’écoulent entre les façades d’immeubles. Personne ne fait attention à la lumière du jour, à moins de trouver une halte, par exemple sous ces statues de vieilles chimères style faux moyen-âge faisant patrimoine. La nuit, il y a une accalmie. Alors, la voie lactée tourne en silence au dessus des têtes qui sommeillent. Même les pierres dorment, prenant, elles au moins, de la valeur. Il vient quelque chose de transparent dans l’air, qui donnera de l’éclat à la lumière du matin.
Cela commence par des géants qui écrasent tout. Leurs éclaboussures tombent sur le sol ; elles y restent, oubliées dirait-on. Elles mouillent ou encombrent d’obstacles le sol mais ne troublent pas la terre ; tout est calme à quelques centimètres en dessous, hormis les vibrations des écrasants qui entrent profondément dans notre monde. On sait qu’il n’y a plus de danger lorsqu’on ne sent plus de vibrations, et on peut sortir. Il y a alors des montagnes de nourriture, des océans de nectars, de tels univers de délices, que personne ne peut les savoir, que par miettes, entrées une par une dans la terre par de longues files indiennes qui vite disparaissent dès le retour des premières vibrations des géants.
À bientôt, les chimères.